Mon inspiration ,elle vient de loin , du village perdu dans la Pampa Argentine dans lequel je suis né, où les musiciens itinérants ( les Payadores),venaient nous apporter parfois un peu de distraction le soir dans un café ou autour d'un feu de camp.
Elle vient aussi , c'est sûr, de cette merveilleuse nature farouche et sauvage qui m'entourait et qui nous apporte à nous autres Argentins de la Pampa, cet esprit individualiste et solitaire .
Un poète brésilien m'a très bien résumé notre état d'esprit par cette formule :
"le travail, la douleur, l'espérance rebelle et une joie de vivre presque désespérée."
C'est la guitare que j'ai choisi .... ou qui m'a choisi, va savoir ... pour exprimer toute la poésie de ce souvenirs qui vivent en moi. La guitare a de l'imagination : mystère des combinaisons harmoniques presque infini, mystère de ses timbres.
La guitare est un mystère qu'il faut découvrir tous les jours. Elle est tendre, elle est perverse, elle est amante et sœur ....c'est une femme. Comme la femme ,on ne peut pas la contraindre ,il faut la convaincre. Il faut qu' elle se sente aimée, quand nous la tenons dans nos bras ,contre notre coeur et que ses vibrations se propagent en nous pour ne faire qu'un avec elle . Elle recèle des richesses qu' on finira jamais de connaître ...
Evidemment ,pour moi ,la guitare est une compagne ,et je la sens et je la vis comme un être vivant J'en ai une depuis très longtemps, et j'ai décidé qu'elle mourrait avec moi. Elle est rude et créole, on ne se quittera plus...
A l'âge de 12 ans j'ai eu la chance de rencontrer Abel Fleury ,l'un des plus grands des compositeurs guitaristes d'Argentine. Il m'a dit quelque chose que je n'ai jamais oublié : "Quand je joue en concert, je sens assis au fond de la saIle dans la pénombre, un gaucho anonyme qui m'écoute, silencieux et attentif. C'est pour lui que je joue, c'est pour lui que tu dois faire passer ton message ."